La création de Spark Lab : une histoire d’effectuation 

 

 

 

Il y a des moments dans la vie où l’on se retrouve face à une grande révélation. C’est le cas pour Aristide et César, les co-fondateurs de Spark Lab et amis de longue date, lorsqu’ils ont découvert ensemble l’effectuation lors d’une conférence en 2015.  

 

Respectivement anciens responsables R&D chez Babolat et en charge du marketing de l’innovation chez Le Coq Sportif, cette conférence leur a permis d’acquérir une toute nouvelle approche de l’entrepreneuriat.  

Le reste appartient à l’Histoire, avec la création de Spark Lab, et bientôt, la célébration de ses 10 ans. 

10 ans d’effectuation avec nos clients et nos collaborateurs afin de proposer des accompagnements utiles et innovants. 

 

Et pour boucler la boucle, c’est au tour de Spark Lab d’organiser une conférence sur l’effectuation dans le cadre du Club Curiosity qui réunit des acteurs et actrices de l’innovation tous les 2 mois dans un cadre intimiste afin d’échanger entre pairs. 

 

A votre tour de découvrir l’effectuation !

 

 

 

 

 

 

Comprendre l’effectuation : une approche entrepreneuriale innovante

 

 

L’effectuation est un concept développé par la chercheuse Saras Sarasvathy, une chercheuse indo-américaine qui propose une nouvelle manière d’aborder l’entrepreneuriat. Elle créé le terme « effectuation » après avoir étudié et interrogé des entrepreneurs à succès afin de comprendre ce qui les lie et ce qui a permis leur réussite.

 

 

Contrairement à l’approche classique, dite « causale« , où l’entrepreneur définit d’abord un objectif précis avant de planifier les moyens pour y arriver, l’effectuation consiste à créer à partir des ressources disponibles. En d’autres termes, plutôt que de tout prévoir à l’avance, l’entrepreneur effectual s’adapte aux moyens dont il dispose à chaque étape pour avancer de manière flexible et opportuniste. 

 

Prenons une métaphore culinaire pour mieux comprendre ces deux approches. Dans l’approche causale, vous commencez par choisir une recette, puis établissez une liste de courses pour acheter exactement ce qu’il vous faut. En revanche, avec l’approche effectuale, vous ouvrez simplement votre réfrigérateur, voyez ce que vous avez sous la main et décidez ensuite quoi cuisiner avec ces ingrédients. 

 

Cette manière d’entreprendre basée sur les moyens disponibles encourage l’innovation et la résilience. Elle permet de réduire les risques et de saisir les opportunités qui se présentent, en s’adaptant continuellement aux circonstances. 

 

Il faut retenir de cette approche qu’elle est accessible à tous et qu’il n’est pas nécessaire d’être à proprement parler à entrepreneur pour se l’approprier. Il s’agit avant tout d’un savoir-être qui peut s’appliquer à chaque décision du quotidien.  

 

De l’approche effectuale sont nés 5 grands principes, que certaines grandes entreprises appliquent dans leurs métiers d’innovation. C’est le cas chez Michelin et plus particulièrement du Michelin Innovation Lab, la structure d’intrapreneuriat qui accompagne les salariés du groupe dans le développement de leurs initiatives. 

 

 

 

Les 5 principes de l’effectuation et l’exemple de Michelin 

 

 

0.Effectuons l’intrapreneuriat chez Michelin

 

« Parce que l’Entreprise est un formidable réservoir de talents capables de générer de grandes idées, dès 2014, le Groupe Michelin a notamment lancé le Michelin Innovation Lab (MIL). 

Encourager l’innovation dans toute l’Entreprise, créer de la valeur en explorant de nouveaux business en lien avec les domaines stratégiques de Michelin au-delà du pneumatique, c’est la philosophie du Michelin Innovation Lab. » 

Michelin Innovation Lab 

 

Concrètement, lorsqu’un collaborateur du groupe imagine une nouvelle idée de projet que Michelin pourrait développer hors de son activité principale de pneumatique, il peut la soumettre auprès d’un premier jury du MIL. Si le projet est validé par un premier jury et que le collaborateur a trouvé un binôme pour l’accompagner et passe le un deuxième jury, le duo peut alors dédier 100% de son temps au développement de son idée et ainsi devenir un duo d’intrapreneurs. 

 

L’invité d’honneur de la rencontre Curiosity, Marc Evangelista, est une référence en matière d’effectuation. D’abord parce qu’il en a rédigé un ouvrage, Effectuons l’Intrapreneuriat, paru en 2024, mais surtout parce qu’il l’a pratiquée chez Michelin, en tant que responsable du Michelin Innovation Lab. 

 

Pour Curiosity, Marc Evangelista revient sur les 5 principes de l’effectuation qui ont façonné l’organisation intrapreneuriale d’un groupe d’envergure mondiale. 

 

 1. Principe 1 de l’effectuation : Partir des moyens à disposition

 

Le premier principe de l’effectuation consiste à démarrer un projet en utilisant les ressources déjà disponibles, plutôt que d’attendre d’avoir accès à des moyens supplémentaires. Cela inclut les compétences personnelles, les outils, et surtout les réseaux professionnels que l’entrepreneur a déjà à portée de main. L’objectif est d’avancer rapidement, en se basant sur ce que l’on a ici et maintenant, plutôt que de perdre du temps à attendre des financements ou des ressources externes. Ce principe permet de réduire les incertitudes et de mieux gérer les imprévus, car il mise sur une stratégie agile et adaptable. Ainsi, l’entrepreneur peut tester son idée plus rapidement et ajuster son projet au fur et à mesure, sans prendre de risques inutiles. 

 

Chez Michelin, cela a donné naissance à une « charte d’équipe », un exercice où chaque binôme d’intrapreneurs fait un inventaire de ses compétences, de ses relations et des ressources à sa disposition. Marc Evangelista l’illustre ainsi : « On fait avec ce qu’on a, comme avec ce qu’il y a dans le frigo. » Ce processus aide les équipes à prendre conscience de leurs forces et de leurs faiblesses dès le départ, et à se mobiliser en conséquence. « Il est essentiel de savoir ce qu’on a, mais aussi ce qu’il nous manque« , ajoute-t-il, pour permettre à l’équipe de maximiser son potentiel avec ce qui est déjà là. 

 

 

 

2.Principe 2 de l’effectuation : Agir en perte acceptable

 

Le second principe de l’effectuation consiste à définir, avant même de lancer un projet, ce que l’on est prêt à perdre. Contrairement à l’approche traditionnelle où l’on calcule les gains potentiels, cette méthode pousse les entrepreneurs à évaluer le montant, les ressources, ou le temps qu’ils sont prêts à investir sans garantie de retour immédiat. En acceptant cette incertitude, ils peuvent avancer en prenant des risques mesurés. Cette vision permet d’aborder les échecs non pas comme des pertes, mais comme des investissements dans l’apprentissage. En d’autres termes, même si une partie des ressources investies ne rapporte pas immédiatement, elle contribue à mieux comprendre le marché, à affiner son produit ou service, et à évoluer. 

 

 

Chez Michelin, chaque équipe d’intrapreneurs reçoit un budget limité, destiné à être utilisé sur une période de huit à dix mois. Marc Evangelista explique : « Si vous mettez 100 sur la table, considérez-le comme perdu. » Une fois ce budget épuisé, le projet est interrompu si de nouveaux sponsors ne se sont pas engagés financièrement. Cette approche permet d’encourager l’apprentissage et l’expérimentation sans craindre l’échec total. « Le but est d’apprendre à chaque étape, même quand le projet ne va pas au bout« , précise Marc. 

 

 

3.Principe 3 de l’effectuation : Le patchwork fou : engager les parties prenantes

 

Dans la recherche de partenaires, on pense souvent à un profil strictement défini, une pièce de puzzle précisément ajustée à nos besoins. Cependant, la logique de l’effectuation nous invite à adopter une approche différente : celle du « patchwork fou ». Plutôt que de chercher l’idéal préconçu, l’entrepreneur ouvre son projet à ceux qui choisissent de s’y engager, quel que soit leur profil – qu’il s’agisse de collaborateurs, de prestataires, ou même de clients. En embarquant ces différentes parties prenantes, il bâtit une mosaïque originale, faite de compétences diverses et de visions multiples. Ce processus permet de créer des collaborations inattendues et d’accéder à des opportunités nouvelles, souvent bien au-delà des prévisions initiales. Il permet également de partager les risques et d’augmenter la capacité d’adaptation face aux imprévus, grâce à la flexibilité apportée par ce collectif d’acteurs. 

Le patchwork fou, c’est l’art de transformer la diversité en richesse, et de trouver, dans l’inattendu, les sources d’une innovation surprenante. 

 

Chez Michelin, les intrapreneurs bénéficient d’un vaste réseau de ressources internes et externes. « Quand on arrive avec le logo Bibendum, les portes s’ouvrent« , raconte Marc. Cela donne aux équipes intrapreneuriales un avantage énorme en matière d’accès aux partenaires externes et aux savoir-faire. Mais il précise que cette opportunité nécessite aussi une gestion intelligente : « Le défi, c’est de mobiliser les bonnes ressources internes au bon moment« , explique-t-il, insistant sur la nécessité de savoir convaincre les collaborateurs et de naviguer dans les processus internes complexes. Mobiliser les ressources internes va demander beaucoup d’efforts pour l’intrapreneur, et il faudra s’y préparer. 

 

 

 4.Principe 4 de l’effectuation : Tirer parti des surprises 

 

Le quatrième principe de l’effectuation encourage à adopter une attitude positive face aux imprévus, en les voyant non pas comme des obstacles, mais comme de véritables opportunités. Dans un contexte entrepreneurial, les surprises et les changements inattendus sont fréquents. Plutôt que de les considérer comme des freins à la réussite du projet, ce principe incite à s’adapter rapidement et à pivoter si nécessaire. L’idée est de tirer parti de ces événements pour ajuster la stratégie, modifier le produit ou service, ou même découvrir de nouvelles opportunités de marché. Cette flexibilité permet de transformer les imprévus en atouts et de maintenir une dynamique d’innovation continue. En cultivant cette approche, les entrepreneurs peuvent non seulement minimiser les effets négatifs des changements inattendus, mais aussi se positionner avantageusement par rapport à leurs concurrents. 

 

Marc Evangelista illustre ce principe avec un exemple concret. L’un des projets incubés au MIL consistait à créer une structure de protection des vignes en cas d’intempéries. « Nous travaillions sur une structure gonflable pour protéger les vignobles, mais après avoir été à la rencontre de viticulteurs et en se rendant sur le terrain, nous avons pivoté vers une autre solution qui correspondait davantage à leurs besoins. Les surprises doivent être perçues comme des opportunités, pas des obstacles« . Cette capacité à être flexible et à réagir aux imprévus est essentielle dans un environnement d’innovation. 

   

 

 

 5.Principe 5 de l’effectuation : Être le pilote dans l’avion

 

Le dernier principe de l’effectuation encourage les entrepreneurs à prendre le contrôle de leur projet, plutôt que de chercher à prédire l’avenir. Dans un environnement souvent incertain et en constante évolution, tenter de prévoir le futur peut mener à des frustrations et des pertes de temps. Ce principe propose plutôt de se concentrer sur ce que l’on peut directement influencer et de prendre les commandes en s’appuyant sur les ressources et les parties prenantes à disposition. L’entrepreneur doit interagir régulièrement avec ces dernières, qu’il s’agisse de clients, de partenaires ou d’investisseurs, et ajuster son cap en fonction des retours obtenus. Cette approche permet de réagir rapidement aux feedbacks, de tester des hypothèses en temps réel, et de rester aligné avec les besoins du marché. En se concentrant sur ce qui peut être contrôlé, l’entrepreneur conserve une marge de manœuvre pour naviguer dans l’incertitude, tout en gardant une vision stratégique claire. Plutôt que de subir les événements, ce principe permet de rester proactif et d’orienter l’évolution du projet vers des solutions réalistes et réalisables. 

 

Chez Michelin, les intrapreneurs sont incités à adopter cette posture proactive. « L’entrepreneuriat est avant tout un phénomène social« , souligne Marc Evangelista. Il insiste sur l’importance de sortir, d’échanger, et de tester rapidement ses idées pour affiner le projet. « Ce n’est pas en restant enfermé dans un bureau que vous allez savoir où aller« , dit-il. En contrôlant leur parcours plutôt que de tenter de tout prévoir, les intrapreneurs maximisent leurs chances de succès. 

 

 

 

Grâce à l’adoption des principes de l’effectuation, Michelin a su transformer son approche de l’innovation intrapreneuriale. « Aujourd’hui, Michelin fait bien plus que des pneus« , explique Marc Evangelista.

 

En valorisant les ressources existantes, en acceptant les pertes mesurées, et en saisissant les opportunités inattendues, Michelin encourage ses équipes à innover avec agilité.  

 

Une approche qui inspire et qui pourrait guider de nombreuses autres entreprises vers une culture d’innovation plus dynamique et résiliente.  

 

 

Former à l’effectuation en entreprise : de nombreux outils à disposition 

 

Vous l’avez compris, l’effectuation est un concept clé en innovation. De plus en plus d’outils et de méthodes existent pour former les collaborateurs à l’effectuation, en voici quelques-uns : 

 

1.Le Jeu de l’effectuation 

 

Le jeu de l’effectuation est une expérience collective d’une heure ou chaque collaborateur incarne le rôle d’un entrepreneur dans le milieu culinaire et doit faire des choix afin de développer au mieux son projet entrepreneurial.

 

Ce format permet de s’initier aux 5 principes de l’effectuation mettant en avant la pratique de chacun, avec une touche maîtrisée de théorie pour repartir avec un socle de connaissances solide et des applications concrètes dans son quotidien de collaborateur. 

  

 

2.La fresque Spark Lab de l’Innovation 

 

Une expérience utile, impactante et décalée pour rendre vos salariés acteurs de l’innovation en s’appropriant collaborativement les défis de l’innovation à travers les méthodes du Design Thinking et de l’Effectuation.

En équipe, déployez un projet d’innovation en utilisant les outils à disposition et en surmontant les obstacles qui se mettront sur votre chemin ! 

 

 

3.L’Atelier collaboratif et D’ intelligence collective  

 

Un atelier collaboratif pour permettre aux collaborateurs de traiter un sujet clé de leur entreprise sous le prisme de l’effectuation et adopter une posture d’entrepreneur afin de trouver des solutions innovantes.

 

 

 

Les grands enseignements de l’Effectuation 

 

En résumé adopter l’effectuation permet 4 apprentissages : 

 

 

 

 

 

 

 

 

Toute l’équipe Spark Lab vous remercie pour votre lecture : Nous sommes passionnés par l’effectuation, le design thinking, l’innovation et les liens qui sont tissés par cet environnement !